Saturday, February 01, 2014

Gentrification

Le terme est barbare,  la chose aussi.
Elle a fait son apparition de façon sensible à San Francisco il y a quelques années avec la creation de Mission Bay. Même si  de nombreux logements ont été construits à sa périphérie, cet effet Mission Bay a provoqué une augmentation des loyers dans les quartier mitoyens, en particulier Mission, rejetant de nombreux latinos à l'extérieur de la ville, par exemple vers Daly City.


Cette fois, le phénomène prend une ampleur inquiétante avec l'arrivée des "enfants gâtés" de la SiliconValley, avec des possibilités financières importantes et emmenés par car chaque jour depuis la ville vers leur lieu  de travail dans le Sud.
Le prix des logements flambe, celui des loyers aussi. Tous les quartiers sont touchés.  Même Chinatown pourrait être atteint. C'est l'âme même  de la ville qui est menacée et les protestations se multiplient.


                                                                          Photos Chronicle

La ville a décidé de faire payer les cars des compagnies pour utiliser les arrêts publics, mais la somme paraît bien minime (1$ par jour et  par arrêt)...

4 comments:

Rudy said...

C'est une mutation violente qui a lieu en ce moment dans San Francisco, et pour moi, qui la vit de l'autre côté de la barrière (puisque je travaille pour l'une de ces fameuses "startups"), je lis des idées reçues et des généralités des deux côtés.

Je me permets d'apporter mon expérience et celle des gens qui je fréquente dans mon milieu professionnel, qui vous intéressera sans doute, et vous apporteront du grain à moudre. Il est important de partager nos témoignages pour ouvrir le dialogue, plutôt que de partir très vite en débats enflammés comme sur beaucoup d'autres sites; après tout, nous sommes tous ici pour vivre ensemble (j'ai essayé de vous envoyer ce témoignage en privé pour ne pas tenter les excès des conversations publiques en ligne, mais je ne trouve pas votre contact)

* tous les gens qui travaillent dans des startups n'ont pas des moyens déraisonnables. Je n'habite pas à Castro, à Nob Hill, ou au coeur de Mission, trop chers pour moi ; j'habite entre Union Square et Tenderloin, et d'ailleurs je n'y suis pas si mal (en vélo, je peux être n'importe où très vite !) Les gens qui ont des moyens très élevés travaillent souvent pour les grosses startups (Google et compagnie), et sont une rareté si on les compare à la myriade de toutes petites startups ; mais une rareté suffisante pour mettre un poids élevé dans la balance de l'immobilier.
* les gens qui arrivent pour vivre à San Francisco ne sont pas des ennemis de la culture de San Francisco (même ceux avec des moyens), bien au contraire. Ils s'installent souvent ici parce qu'eux aussi sont tombés amoureux de la ville. Quand ils viennent de France, ils collent aussi à l'image de terre d'accueil, car les métiers techniques, tellement appréciés ici sont culturellement pris de haut en France (j'en sais quelque chose !) Je suis allé voir quelques expos photo ces derniers temps, et les gens qui achètent les photos aux artistes sont tous des gens qui travaillent dans ces fameuses startups. Je connais quelques personnes qui prennent ces fameux bus, et aucun n'est à SF comme dans une cité-dortoir, ils sont tous relativement actifs dans la vie culturelle, et n'hésitent pas à payer pour cette culture. C'est d'ailleurs logique : si ça ne les intéressait pas, ils habiteraient plus proche du travail, où les loyers sont plus abordables.

(suite dans le commentaire suivant)

Rudy said...

(suite du commentaire précédent)


* les emplois ne sont pas tous dans la Silicon Valley, et de moins en moins ; les startups logicielles dont la taille le permet déménagent toutes à San Francisco en ce moment (la SV reste principale pour les startups matérielles). Je me balade beaucoup à vélo dans le coin de SoMa et d'Embarcadero, et quasiment tous les immeubles sont affublés du logo d'une grosse startup. Cette tendance s'accélère en ce moment, car elle arrange tout le monde, entreprises, employés, commerces locaux, etc. ; les startups en question tentent elles aussi au maximum de se passer de ces systèmes de bus. Évidemment, bien que ces travailleurs ne rentrent pas dans le moule qui est pris pour cible (ils ne travaillent pas à l'autre bout de la baie, ils ne prennent pas ces fameux bus, ...), cette tendance devrait précipiter encore plus l'explosion des loyers à San Francisco.

Quand je lis que des gens se font exclure de chez eux par des propriétaires pour louer à de meilleurs tarifs, ça me révolte aussi, et ça me donne envie de faire quelque chose ; mais quand je lis que les gens qui sont censé les aider prennent pour coupables les travailleurs de startups (qui ont leur rôle dans la machine, mais n'y peuvent pas grand chose), ou encore pire, les bus qui n'ont rien à voir avec le problème et sont relativement temporaires, je secoue un peu la tête en me disant qu'à courir après les mauvais lièvres, on ne résoudra pas l'injustice de la situation.

Je suis intéressé pour en discuter plus avec vous, si ça vous intéresse d'ouvrir ce dialogue et d'y réfléchir ensemble ; auquel cas, n'hésitez pas à me laisser ici un moyen de vous contacter.

Le Piou said...

Perso, je toruve que cette prise de conscientce arrive bien tard. Ca fait deja un moment (au moins 10 ans) que tout ca est palpable.
Pour ne parler que des 2 endroits au j'ai vecu ces dernieres annees (Berkeley et Marin), je suis surpris que SF ne se reveille que maintenant.
A mon avis, c'est surtout que maintenant meme faire parti de ces "startups" ou juste y bosser ne suffit plus, il faut faire parti des VPs, CFO ou CEO pour sortir du lot et se payer ce qu'on veut (et ce que les autres ne peuvent pas...)
Soyons honnetes: a moins de $150k par an, une famille avec enfant, ne peut pas s'installer confortablement a SF (comprendre acheter un appart). Je me demande meme si je suis pas deja loin de la realite, la.
SF est devenu une ville de "jeunes", finances par les nouvelles technologies. C'est tout.
Passez votre chemin si ca vous plait pas, c'est comme ca.

Full disclaimer: je suis pas dans ce business... Et c'est d'ailleurs pourquoi je n'y vis pas... C'est pas l'envie qui m'en manque. J'ai juste pas le pognon pour le faire...
Et puis le temps y est pourri 300 jours par an! ;-)

geneline said...

Merci Ruby, des commentaires.
adresse mail du blog: genelineinsf@yahoo.com.
A bientôt?