Wednesday, May 23, 2012

Des Nobel côté jardin


Peu de temps après mon arrivée à San Francisco, j'avais rencontré au hasard d'une réception Arthur Kornberg (prix Nobel 1959). Pour moi qui suis biologiste de formation, voir en chair et en os le "Kornberg des enzymes de Kornberg" fut un choc : un adorable monsieur âgé, parlant avec attendrissement de ses petits-enfants ! Cela avait créé chez moi la réaction du gosse qui découvre que la maîtresse a une vraie vie, qu'elle fait ses courses etc.
Tout autre a été la rencontre pour le film, de Michael Bishop, dûment prévue et organisée pour son interview.

Photo Manuel Guerzoni
Tout pétille en lui. Il nous a raconté son arrivée dans les années 60 de la côte est à UCSF qui était dans ce qui était encore un petite université de province, dans une ville en pleine folie qui avait ébloui le jeune homme qu'il était. Avec toujours la même joie de vivre il s'était trouvé dans une petite équipe dynamique de recherche et qui cherchait l'excellence. Il travaillait à l'époque sur les virus induisant des cancers, les oncogènes, et a obtenu pour ce sujet le prix Nobel de physiologie et médecine avec Harold Varmus en 1989. C'était le premier prix Nobel pour UCSF, devenue peu à peu l'une des meilleures universités médicales des USA, avant celui de Prusiner en 1997 et celui d'Elisabeth Blackburn en 2009.
Bien sûr, avec le temps, UCSF avait besoin de plus en plus de place et c'est Michael Bishop, alors chancelier de l'Université, qui par un subtil mélange de chantage (en cherchant, et en trouvant, de la place ailleurs que dans San Francisco) et de négociation avec le maire de l'époque Willie Brown, a permis la création du nouveau quartier de l'installation du nouveau quartier Mission Bay avec le nouveau campus de UCSF au cœur d'importantes industries biotechnologiques, donnant une nouvelle identité à la ville.

Il se passionne maintenant pour les cellules-souches, sujet en pleine expansion et plein d'espoir. A la demande de l'équipe, petit cours rapide et lumineux sur ces cellules-souches et leur importance. Mais l'œil est coquin et au delà de la dimension purement scientifique , on le sent ravi que la philanthropie sanfranciscaine permette une recherche dans un domaine où les règles américaines interdisent que de l'argent fédéral soit attribué sur des supports contestés par certains groupes.
Il garde son regard malicieux pour enchaîner: oui, les premiers chercheurs installés à Mission Bay ont eu l'impression de vivre un exil quasi-sibérien en quittant la maison mère sur Parnassus pour un campus en construction, mais maintenant ils se bousculent pour trouver espace et installations neuves...et ajoute-il d'un air espiègle, de nouveaux restaurants. Son préféré : the Ramp,
Comme nous !
On finit , comme avec tous les interviewés , en lui demandant le mot qui de son point de vue caractérise le mieux San Francisco : rayonnant et sans hésitation, il lance "desinhibition !"

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