Friday, January 20, 2006

Aide toi, le ciel t'aidera !

C'est la devise cachée du NERT le Neighborhood Emergency Response Team Training Program, un programme organisé et conduit par les pompiers de San Francisco.
Intriguée, j'ai suivi le stage. L'objectif : motiver et former des citoyens volontaires capables de réagir en cas de catastrophes massives (on pense surtout et d'abord aux tremblements de terre, mais depuis 2001....).
Le cadre : un stage de 6 séances animées par les pompiers (trois heures par semaine à chaque fois) dans une école du quartier ; une cinquantaine de stagiaires participent.
L' approche : d'abord, frapper les esprits par quelques faits chocs. Photos du tremblement de terre de 89, incendie de 1906; statistiques sur les ambulances et les hôpitaux de la ville (par exemple, on vous raconte qu'il y a en général moins d'une dizaine de lits libres pour l'ensemble des hôpitaux de la baie. 7 de ces hôpitaux sont situés sur les grandes lignes de faille de San Andreas et Hayward. Conclusion : en cas de tremblement de terre, non seulement on ne pourrait pas hospitaliser les blessés, mais il faudrait évacuer les malades des hôpitaux!) .
Effet de motivation garanti.
Les grandes lignes de la formation: l'idée fondamentale est d'abord qu'il faut être prêt et autonome en cas de catastrophe pour ne pas alourdir le problème de la collectivité. Apprendre à quitter ou ne pas quitter un lieu donné le plus sûrement possible, à participer à l'évacuation d'autres personnes sans matériel spécialisé.
On apprend ensuite les critères qui permettent de trier et d'étiqueter(oui !) les blessés pour faciliter et accélérer le travail des professionnels (peut attendre, nécessite des soins rapidement, décédé....). Pour la dernière catégorie le moniteur ajoute, compréhensif : "si vous n'arrivez pas à vous décider pour accrocher l'étiquette noire, ne faites rien, ne perdez pas de temps et passez à des cas plus évidents. Les professionnels s'en chargeront pour vous".
L'essentiel des informations théoriques est résumé dans un manuel remis aux stagiaires et disponible sur le web.
On passe ensuite à la pratique (utilisation d'extincteurs, recherche de faux blessés dans l'une des salles de classe dans l'obscurité complète, par groupe, la main sur l'épaule de celui qui précède, l'autre main battant l'air pour explorer).
Puis c'est l'examen final (avec le manuel à la main) et une séance récapitulative avec remise du casque et du blouson et l'enrôlement souhaité mais non obligatoire dans le groupe local de secours.
Et toujours en leitmotiv, le pragmatisme américain: "Connaissez vos forces et vos compétences, apprenez d'abord à vous sauver vous, ne prenez pas de risques, vous ne feriez qu'agraver le problème".
Croyez-moi, on ne sort pas indemne des six séances...
Les photos sont issues du site NERT (photo Gallery)

4 comments:

Anonymous said...

C'est vrai que l'etiquetage des victimes... ca me fait penser au tri des dechets pour les poubelles recyclable ou non...
Le plus effrayant dans l'affaire c'est evidemment le fait que la majeure partie des hopitaux se trouvent pile poil sur la faille... Brrrr.

geneline said...

Oui, l'étiquetage... Sûrement le plus difficile à aborder, mais le plus utile en cas de vraie catastrophe pour utiliser au mieux le personnel vraiment compétent : "apprendre à reconnaître les vraies urgences autrement qu'aux cris des victimes "(sic).

Anonymous said...

c'est mon fils sur le camion!!! au premier quart a gauche (un petit bonhomme avec une chemise bleu/gris)

Anonymous said...

Et bien moi, ce pragmatisme américain me semble de bon sens. Le seul problème est qu'il faut refaire ce stage régulièrement, c'est fou ce qu'on oublit vite. En France aussi on peut suivre des stages similaires, la Croix-Rouge en propose qui vont jusqu'à la conduite à tenir en cas de guerre nucléaire et bactériologique, je l'ai suivi (il comprend bien le "tri"), passé l'examen et trouvé très rassurant. Mais sans "pratique régulière" (heureusement?) je ne suis sûrement plus opérationelle.